De la cold-wave signée....Stephan Eicher et Grauzone!

Avant de déjeuner en paix, Stephan Eicher faisait dans la cold-new/wave, énorme et underground à souhait, dans ces early 80's de folie, avec Grauzone. Vous allez apprécier la différence, et finalement ne plus arriver à comprendre comment il a pu...bon bref!
En tout cas il se "reprend" aussi ces temps-ci, en revenant, on s'en réjouira forcément, à ses premières amours et en sortant une compil' de ses débuts synth-punk, Spielt Noise Boys...tout aussi décalés et surprenants!
Je vous en parle dès que j'ai le cd, en complément à l'article présenté ici...
Grauzone-Eisbär

Madame B, digne "complément" aux expérimentations de Drunken C.


J'ai récemment brièvement évoqué le cas, en ces lignes, de Cécile Raynaud, alias DRUNKEN C., dont la productivité et l'orientation hors-normes, génératrices de morceaux imprenables, ne pouvaient laisser de marbre.
C'est aujourd'hui d'une artiste proche dans l'esprit que je parlerai au moment de vanter les innombrables qualités de Sophie Nadaud, alias Madame B.
La demoiselle, qui oeuvre également seule, nous gratifie, depuis 2006, de démos brutes et insoumises, dotées de colorations musicales diverses, jamais "normales", on s'en réjouira forcément, réunies sur deux cd, chacun incluant deux années; 2006/2007 pour Moody Strang(h)er, 2008/2009 pour Deeply (B)less.
Elle y adjoint les six titres signés Topsy Turvy World, à l'état d'esprit similaire; déviant, sombre, bruitiste en certaines occasions, tourmenté, marqué en tous les cas du sceau de sa génitrice. A la différence que sur ce projet, Sophie n'use que d'un clavier, par le biais duquel elle élabore des climats grinçants et prenants. Lancinants, agités, d'obédience électro parfois comme sur Ground, souvent cold, ceux-ci se veulent le reflet des états d'âme et de son exceptionelle créativité. Le early Sonic Youth n'est jamais loin (Asshole's reunion) et on profite pleinement de quarante-quatre morceaux, ni plus ni moins, sur ces trois disques insubordonnés. Une dualité vocale plus qu'intéressante se fait entendre , sur Finally find a way par exemple, et Sophie, de façon à la fois instinctive dans la démarche et complètement maitrisée quant au produit final, ne commet ici aucun impair. Sur In my bed, on croirait entendre la PJ Harvey de To bring you my love, Madame B réussissant le tour de force de susciter le même intérêt que Polly Jean tout en s'inscrivant dans une démarche délibérément plus expérimentale. Le spectre est large et le bruitisme le plus total (Soba, feat. Jeanjean) précède une trame complètement barrée, intrigante, sans que cela ne nuise à l'unité et à la cohérence de l'ensemble (Black flowers). Il serait presque nécessaire de citer et décrire chaque morceau, tant l'ambiance qui s'en dégage engendre un panel d'émotions large et authentique, et un intérêt, du à l'orientation musicale et à la valeur du rendu, qui jamais ne se dément.

Un talent de taille donc, et une artiste précieuse, à part, de celles qu'on ne possède qu'en nombre trop restreint dans l'hexagone.

Topsy Turvy World-Her name was Sam
Madame B-Death train
Madame B-God bless him

A man & a machine...

Bonheur total que ces compilations récapitulant une scène foisonnante, née des cendres du punk et durant laquelle les machines allaient se substituer à l'organique, ou s'y adjoindre. Ceci pour un résultat souvent surprenant, barré, cold et incluant une multitude de tendances, savamment brassées. Le Son du Maquis, label parisien à l'esprit similaire, aussi actuel (Risqué, Hifiklub, Angele Phase) que superbement "passéiste" (A man & a machine donc, volume 1 et 2, le superbe recueil sur la scène berlinoise d'avant la chute du mur, "Berlin 61-89, Wall of sound"), initie ces superbes sorties. Le contenu, passionnant jusqu'à ses dernières notes, suscitant l'irrépressible envie de se taper la discographie des groupes sélectionnés, laquelle garantit à son tour de nombreuses heures d'une incoercible extase musicale.

The Normal-Warm leatherette
Love And rockets-No big deal

Rouen, sa scène,Imperial Bedroom et ses magnifiques Cartes Postales


Rouen est une ville intensément rock, aux groupes dotés d'une force de frappe aussi bien cold qu'électro ou garage, quand les trois ne sont pas magistralement imbriqués comme chez mes chouchous de Cristal Palace. Un label de folie, Imperial Bedroom, nous résume cette richesse et ce foisonnement, pas uniquement rouennais mais en tous les cas hautement significatifs, sur la seconde édition de ses merveilleuses Postcards. Seize titres et aucun que l'on puisse qualifier ne serait-ce que de moyen, avec un bonus track, et l'éclatante preuve d'un talent dont on sait désormais qu'il réside près de chez nous et n'est pas à aller dénicher hors de nos frontières.

Bogart and the addictives-Guerrilla art
Cristal Palace-Plastic doll
This is pop-Lewis

SUBLIMINAL SANDWICH : MEAT BEAT MANIFESTO : Verset 1996





Bouillonnant mélange de dub, d'indus et d'électro le projet Meat Beat Manifesto trouve ses racines au milieu de l'année 1986 ; lorsque Jack Dangers et Johnny Stephens forment Periennal Divide un groupe dans la plus grande tradition pop. Leurs premiers efforts sont publiés sous la forme d'un double 45 tours Meat Beat Manifesto.

10 ans plus tard, Dangers a quitté sa vallée anglaise du Swindon natale pour s'installer à San Fransisco. MBM connaît un essor particulier parce que Wax Trax (label de Ministry) et Nothing (Label de Trent Reznor) s'intéressent à son sujet. Il est à la tête du monstre entouré d'une multitude de collaborateurs.

MBM propose des concerts oniriques où se mêlent vidéos, clips des musiciens jouant sur scène, vrais zicos, danse moderne (orchestrée par Marcus Adams dans des costumes de Craig Morrisson) ; une expèrience rare.

"Subliminal Sandwich" est destiné à être le premier album à sortir sur un gros label. La très grande variété de l'album et son format gargantuesque ( Double album - 141 minutes) ainsi que les divergences avec le label PIAS, plongent cet album novateur dans les limbes de l'anonymat. Tout au plus Asbestos Lead Asbestos connaîtra les faveurs du public et de la critique.

14 ans plus tard, c'est une trace indélébile que nous retrouvons à l'écoute de cette plaque qui réussit à mélanger les genres, greffer les samples et échantillonner une forme de funk blanc rarement entendue depuis.

Album Magistral ! Album Maudit !


JEANVASBRÛLER - R'N'B HOLOCAUST



Extirpés d'un crépitement utérin et industriel en 2004, les griots qui forment l'entité JEANVAS BRÛLER ont pris le temps de déchiqueter tout ce que le Rock, du haut de ses 60 ans, a produit pour en tirer sa substantifique moelle.

Après un E.P. confidentiel, le groupe sans guitares se lance dans la superproduction d'un album dévastateur. "R'N'B HOLOCAUST" témoigne, dans un bain vaudou, d'une Surchauffe Surnaturelle. Lardés d'expérimentations hédonistes Au pays des Fées et de coups de boules rageurs Johnnie ; "R'N'B HOLOCAUST" est une expérience frénétique et hystérique.

Cet album fut mon choix 2009 au titre imbécile de "meilleur"... sauf qu'ici cet album reprend vraiment LE meilleur des glaviots sulfuriques des Stooges et du magnétisme de John Zorn.

Album à se procurer d'urgence chez Zorch Factory Records.








Emboe -Some Recordings 1997 - 2008


10 ans dans le parcours d'un musicien, c'est une étape que l'on peut rapprocher de la fameuse quarantaine chez l'Homme.
Point de crise ici (quoique) ; juste un arrêt salutaire sur un ensemble d'enregistrements.
Emboe est un guitariste - manipulateur qui apprivoise les effets atonaux et les crissements de pédales d'effets. Il est un de ces faiseurs d'ambiances comme généralement, on en trouve dans la musique électronique. Sauf qu'ici le matériel est plus primaire, le résultat n'en est que plus primal.
Le souffle continu dans les cordes de ses guitares, les accidents sonores de ses effets et la fièvre du créateur habillent de subtiles mélodies qui tapissent ce vrai/faux best of de 13 plages. Le mot plage n'a jamais autant porté sa signification, on parle d'étendues (tendues, ténues et soniques).
Si "Colita de Rana", sa précédente sortie servait de support au film de Lata Masud tout en filigrane, ici les compositions sont appuyées et libres au risque de déstabiliser l'auditeur déjà plongé dans un univers tournoyant.
10 ans séparent Unhealthy Pacemaker de Hemcode cd, la grandiloquence du premier laisse la place à l'inspiration brute et viscérale. On "sent" la musique en soi. Comme si le cinéma de Lucio Fulci avait laissé la place à celui de David Lynch.
Emboe retrouve le cadre plus chaud d'un groupe, Sons of Frida depuis 2004 où ses dissonances cherchent, encore et toujours, à échapper aux espaces carrés.
"Some Recordings 1997 -2008" est en libre téléchargement. (Voir le site de Emboe)
Contact : Emboe

Emboe - Unhealthy Peacemaker
Emboe - Fin Février - Début mars