Madame B, digne "complément" aux expérimentations de Drunken C.


J'ai récemment brièvement évoqué le cas, en ces lignes, de Cécile Raynaud, alias DRUNKEN C., dont la productivité et l'orientation hors-normes, génératrices de morceaux imprenables, ne pouvaient laisser de marbre.
C'est aujourd'hui d'une artiste proche dans l'esprit que je parlerai au moment de vanter les innombrables qualités de Sophie Nadaud, alias Madame B.
La demoiselle, qui oeuvre également seule, nous gratifie, depuis 2006, de démos brutes et insoumises, dotées de colorations musicales diverses, jamais "normales", on s'en réjouira forcément, réunies sur deux cd, chacun incluant deux années; 2006/2007 pour Moody Strang(h)er, 2008/2009 pour Deeply (B)less.
Elle y adjoint les six titres signés Topsy Turvy World, à l'état d'esprit similaire; déviant, sombre, bruitiste en certaines occasions, tourmenté, marqué en tous les cas du sceau de sa génitrice. A la différence que sur ce projet, Sophie n'use que d'un clavier, par le biais duquel elle élabore des climats grinçants et prenants. Lancinants, agités, d'obédience électro parfois comme sur Ground, souvent cold, ceux-ci se veulent le reflet des états d'âme et de son exceptionelle créativité. Le early Sonic Youth n'est jamais loin (Asshole's reunion) et on profite pleinement de quarante-quatre morceaux, ni plus ni moins, sur ces trois disques insubordonnés. Une dualité vocale plus qu'intéressante se fait entendre , sur Finally find a way par exemple, et Sophie, de façon à la fois instinctive dans la démarche et complètement maitrisée quant au produit final, ne commet ici aucun impair. Sur In my bed, on croirait entendre la PJ Harvey de To bring you my love, Madame B réussissant le tour de force de susciter le même intérêt que Polly Jean tout en s'inscrivant dans une démarche délibérément plus expérimentale. Le spectre est large et le bruitisme le plus total (Soba, feat. Jeanjean) précède une trame complètement barrée, intrigante, sans que cela ne nuise à l'unité et à la cohérence de l'ensemble (Black flowers). Il serait presque nécessaire de citer et décrire chaque morceau, tant l'ambiance qui s'en dégage engendre un panel d'émotions large et authentique, et un intérêt, du à l'orientation musicale et à la valeur du rendu, qui jamais ne se dément.

Un talent de taille donc, et une artiste précieuse, à part, de celles qu'on ne possède qu'en nombre trop restreint dans l'hexagone.

Topsy Turvy World-Her name was Sam
Madame B-Death train
Madame B-God bless him

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