Alvarez // Summer Monstrous (Mai 2009, Microphonia Records/Chabane's Records)

Chabane's Records nous avait déjà surpris avec l'excellent album de Jewy Sabatay, et voilà qu'il récidive avec un artiste de la même nationalité, Alvarez. Derrière cette appellation se cache en fait un homme, Velibor Nikolic, qui joue ici de tout, seul, et use d'une narration conceptuelle pour évoquer la vie d'un homme dont la vie amoureuse trouve sa source dans ses films d'horreur de série B.

Original, donc, de par ce procédé, Velibor captive également de par le contenu de ce Summer Monstrous, qui porte la noirceur d'un Alice In Chains, rejoignant en cela le registre de Jewy Sabatay, tout en affichant le doux-amer d'un Fell On Black Days de Soundgarden. Et de façon générale, c'est d'un rock sombre, noisy et grungy, qu'Alvarez nous gratifie ici, sur dix titres d'une qualité ne se relâchant jamais. La douceur du propos, l'émotion contenue dans le chant côtoie avec bonheur une trame musicale "dark" donc, qui à l'occasion peut déceler des petites touches d'espoir (Liar That I Loved) sous la forme d'une clarté pop étincelante.

Ailleurs, cet homme prolifique (il est à souligner que 16 démos ont été enregistrées mais jamais diffusées, dommage au vu de la qualité de l'écriture et de la composition de l'individu) pratique le plus souvent un rock ténébreux, qui prend l'auditeur dans ses filets dès ce Summer Monsters lancinant, duquel émerge un désabus presque palpable, et qui tout en nous enchantant d'un point de vue musical, parvient à nous mettre dans un état similaire à celui de son géniteur. C'est dire le pouvoir qu'ont les morceaux de Summer Monstrous, qui se déploient lentement, surs de leur force (Motor Without A Face (Goodbye), orné de touches noisy du plus bel effet), tantôt massifs et impénétrables, tantôt légèrement expérimentaux (Multi-Colored Sponge-Fish Of Disappointment, aérien et tourmenté dans ses sonorités) et finissent par former un album à l'étrange beauté, aussi mélancolique qu'attrayant par la sensibilité qui l'anime. Alvarez opte ça et là pour une certaine vivacité rythmique (Ouf Of Formaline), ce qui lui ouvre les portes d'une diversité qui rend son oeuvre plus probante encore. Une sorte d'électro-acoustique façon Heaven Beside Me d'Alice In chains apparait sur I Am getting Close To Complete This Structure, enjolivé par la discrète présence d'une voix féminine et associant à merveille beauté acoustique et ton résigné. C'est aussi le cas sur Saturday Rats, autre réussite dévoilée par Velibor Nikolic, dont on se rend compte, sachant qu'il s'agit là de son second album, qu'il fait preuve d'une inspiration constante et d'une maturité surprenante. L'écueil du second disque est donc passé avec brio, et ce jusqu'aux dernières notes de l'opus, entre This Tree Is Bleeding, d'abord doucereux puis plus sombre, plus percutant sur la plan instrumental, et Sanitarium Park (feat. Tearpalm) sobre, presque à nu, soudainement vitriolé par une guitare saturée, qui en plus de mettre fin au disque en présence de belle manière, en confirme définitivement la singularité et la variété.
On pense aussi, et le rapprochement est bien évidemment à porter au crédit d'Alvarez, à Robin Proper Sheppard et The God Machine, dont l'excellent Scenes From The Second Storey pourrait bien trouver là, chez un artiste issu de la ville de Pancevo et faisant également partie de Jewy Sabatay, évoqué en début d'article, son parfait pendant.

Superbe album, un de plus à mettre à l'actif d'un pays que l'on ne connait que très peu pour sa scène rock, et d'un label français décidément très porteur.
Le Myspace d'Alvarez

Alvarez-Summer monsters
Alvarez-Motor without a face

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