Mudhoney // Superfuzz Bigmuff (Deluxe edition)

Il est assez significatif de constater, quand on se penche sur la parcours des groupes constituant la cène de Seattle, berceau d'un mouvement déconseillé aux adeptes du costard-cravate et d'un rock soigné et formaté, que pour chacun d'entre eux, c'est immanquablement le premier album qui s'avère être le meilleur. Les productions suivantes, d'un niveau pourtant remarquable, n'égalant pas des premiers jets primitifs et entièrement jouissifs. Exemple, le premier Soundgarden, bien que "Badmotorfinger" soit également un grand classique, ou "Facelift" d'Alice In Chains, la remarque étant aussi valable pour leur "Dirt" sans écueils, et le "Ten" de Pearl Jam. Et peut-être plus encore, le superbe, cru et définitif "Bleach" de Nirvana, récemment réédité par Sub Pop et dont on se rend compte qu'il n'a pas pris une ride.

C'est ce qui m'amène à parler aujourd'hui du Superfuzz Bigmuff de Mudhoney, classique s'il en est, que je situe pour ma part au même niveau que le premier effort de Cobain and Co. C'est dire l'excellence de ce disque, que Sub Pop, jamais avare de bonnes idées, ressort début 2008 en y adjoignant un live, et des démos, d'un niveau égal à celui de l'album, et qui ont pour mérite de montrer Mudhoney tel qu'on l'aime, dans un registre direct, déglingué et pourtant maîtrisé.Les classiques pleuvent, entre Touch Me I'm Sick et son riff démentiel en ouverture, "direct in your face", jusqu'à ce Halloween d'autant plus énorme qu'il provient d'un split avec...Sonic Youth, pour qui Mudhoney ouvrit le bal en plusieurs occasions, et qu'il égale presque en termes de qualité discographiques. La clique de Thurston More ayant toutefois le privilège et l'avantage d'exister depuis plus longtemps et de proposer un éventail un poil plus fourni et diversifié.


Entre les deux, que du haut de gamme bien sur, dont ce Sweet Young Thing Ain't Sweet No More lourd et vicelard, ou encore If I Think, équivalent d'About A Girl de Nirvana. Je ne citerai volontairement que ces deux titres, d'une part parce qu'ils me paraissent représentatifs de la démarche et de l'esprit du groupe, capable de mettre des baignes comme de se faire plus subtil (comme le prouve son avant dernier effort en date, le très bon "Under A Billion Suns", auquel répond un "Lucky Ones" presqu'uniquement cru), et d'autre part parce que si je me laissais aller à mon enthousiasme de trentenaire ayant l'impression (fugitive dès lors que je prends conscience de mon physique à peine plus avantageux que celui d'un membre des Melvins, j'en profite pour insister sur le fait qu'en dépit de cela, j'adore ce groupe) de rajeunir d'une bonne vingtaine d'années, il deviendrai impératif, pour parler de cet album de façon juste et entière, que je m'arrête à chaque titre qu'il offre. Au lieu de cela, je me contenterai de vous en recommander l'écoute intempestive, à volume élevé, et de vous attarder sur les versions démos et sur les deux live livrés en bonus, qui mettent parfaitement en exergue le côté l'attitude déchirée de Mudhoney, et sa cohérence qui, même au plus fort de ces grands moments de déjante, reste entière, s'accompagnant en outre d'un sens du "tube grunge" aussi affirmé que chez Nirvana. Ecoutez donc la démo de Mudride, psyché et hautement sonique, "dirty" à souhait, et ces versions en public, rapides et endiablées et, pour les plus massives, plus pesantes (dans le bon sens du terme, est-il besoin de le rappeler?) encore. L'allant de Mark Arm et ses collègues arrache tour sur son passage, et ce dès No One Has, puissant et distordu, jusqu'à ce Dead Love braillé et génialement noisy, complètement ...débraillé, qui clôt les débats dans une atmosphère de folie incoercible et complètement débridée, sur plus de quatorze minutes. Sans parler de ce qui vient entre ces deux tourbillons sonores, la "déviance instrumentale" du combo s'exprimant pleinement et trouvant sur les planches son terrain de jeu idéal.

Bon, je retourne à l'écoute, en me remettant pour commencer le live de Need, ou encore celui de Here Comes Sickness dont le titre résume à lui seul le contenu et la mentalité de ce disque indispensable. Indispensable et ayant pour vertu d'amener une foultitude de musiciens, à l'issue d'une seule écoute, à créer leur groupe, imitant en cela des albums comme "Nevermind," "Funhouse" ou, allez, j'ose, "Daydream Nation".

Mudhoney-Touch me I'm sick
Mudhoney-No one has (live in Berlin)

1 commentaire:

radiokultura Noise R'us a dit…

pffff!!!! sans commentaires!