Pour ceux qui ne connaitraient pas Bettina Koester, petit rappel précieux: celle-ci fut, avec deux "rescapées" d'Einstürzende Neubauten première période, la fondatrice de Malaria! , formation féminine culte du rock allemand et de la scène cold/new-wave de l'époque, dans un Berlin hautement inspiré.
Depuis, Bettina a pris ses distances avec l'industrie musicale, s'adonnant à des projets "autres". Puis en 2007, l'envie lui est revenue, et de sa collaboration avec des musiciens venus de Berlin, de Vienne et du sud de l'Italie nait ce superbe album, sorte de version "réactualisée" de Malaria, entre essais au sommet (Ocean drive), électro bondissante, rock tranchant et vagues cold. Le tout sur douze titres qui à aucun moment ne faiblissent, la native d'Allemagne de l'ouest se permettant même de reprendre les Beatles en ouverture (Helter skelter, ni plus ni moins, dopé à l'électro mécanique et groovy, magistral!), puis le Velvet avec un Femme Fatale aussi poignant que l'original, doté d'un fond sonore sobre et délicat. Le cap des reprises brillamment franchi, les compositions personnelles étoffent la palette de belle manière, comme ce Crime don't pay (stupid) assez cosmique, déchiré par des riffs brefs et tranchants et perverti par un chant à la fois froid et presque sussuré, ou Fianc' a fianco qui met en valeur la magie émanant des trames sonores, prenantes à souhait, dressées par Bettina et ses acolytes. A l'image des grands, de ceux qui disposent d'assez d'audace et de talent pour engendrer un rendu dont la seule origine se trouve être leur esprit fertile et déviant, Bettina brasse, détourne, malaxe et ne recule devant rien, comme sur Regina et son électro spatiale et hachée ou ce Holy water à l'ambiance intriguante, calme en apparence mais qui exhale un certain trouble.
Plus loin, Grab me réinstaure ces séquences électro célestes, truffées de sons judicieux, puis Confession renoue avec les atmosphères poisseuses et envoûtantes dont l'Allemande a le secret, avant que Pity me ne valorise une voix chaude, sur un fond jazzy-cabaret avenant. Comportant de nombreuses références à Pier Paolo Pasolini, l'album impose ensuite un Via Pasolini vif, pas éloigné de Malaria!, complètement addictif, obsédant à l'extrême, relevé par des guitares nerveuses (l'opus décrit en ces lignes en compte une belle fournée, ce dont on se réjouit forcément), et prend fin sur Thar she blows, fin et revêtu d'un apparat sonore chatoyant.
Hybride, pouvant être assimilé à un Objet Sonore Non Identifié, ce "Queen Of Noise" bien-nommé constitue un coup de maître et marque un retour dont la matérialisation sonore risque, de par sa nature et sa valeur, son génie omniprésent, de ne trouver aucun prétendant valable sur l'échiquier international. Superbe disque, unique et définitif.
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